Quel que soit le moment et le lieu, la compréhension des sociétés passe notamment par celle des réalités déplorées, attendues ou souhaitées par ceux qui en sont membres. Elle passe également par la compréhension de procédés de constitution locale du sens des actions, des événements et des situations, lesquels impliquent souvent la saisie de ce qui arrive sur fond de contraste avec ce qui aurait pu ou avec qui aurait dû arriver.
La normativité, qui englobe aussi bien l’usage en situation des règles de droit que le désaveu de ce qui semble inacceptable, est donc constitutive des réalités sociales. Ses transformations font l’objet de dynamiques, d’enjeux et de conflictualités qui redistribuent critique et tolérance, responsabilités privées et compétences publiques, possibilités d’agir et impuissances. Il s’agit pour nous de les saisir en tenant compte des expériences historiques et politiques singulières des sociétés chinoise, coréenne et japonaise, des modes de circulation des dispositifs institutionnels et des formes de sensibilité à l’injustice.

Cette thématique prend appui sur des travaux individuels déjà en cours sur la transformation des instances et des professions juridiques ; sur les espaces locaux et nationaux d’expression ou de contestation de principes politiques, moraux et religieux ; sur l’émergence de normes et d’usages qui fondent ce qui est acceptable, juste ou légitime dans les coordinations et les interactions, sociales ou économiques, en milieu urbain ou en milieu rural. Elle accorde une importance particulière aux formes de présence du passé dans la façon dont les individus et les groupes interprètent les situations dans lesquelles ils sont pris et définissent les conduites qui conviennent.

 

La discussion collective amorcée autour de cette thématique a déjà conduit à identifier plusieurs séminaires collectifs (l’un d’eux prévoit une journée d’étude des doctorants) et la réalisation d’un numéro de revue consacré aux usages publics du passé au Japon, en Corée et en Chine comme premiers lieux de réflexion et de travail communs. Des journées d’étude qui porteront sur les objets et les enjeux issus de la discussion collective seront organisées tout au long du quinquennal, avec le souci constant d’y associer les doctorants.