Responsables : Paola Calanca, Guillaume Carré,  François Gipouloux

Ces dernières années, en raison de litiges territoriaux et des enjeux stratégiques sous-jacents, les mers asiatiques sont devenues un des théâtres majeurs des tensions qui secouent régulièrement les rapports interétatiques de la région. Les revendications justifiées ou non des uns et des autres, ainsi que l’argumentaire de certains « spécialistes » incitent à revoir nos connaissances sur l’histoire maritime régionale – Asie Orientale et du Sud-Est Asiatique – et ce avant tout d’un point de vue historique, en se focalisant sur les périodes antérieures aux guerres de l’opium. L’attention sera portée plus particulièrement sur les acteurs des échanges et des activités maritimes, et sur l’appropriation des espaces marins par les pouvoirs ou les groupes sociaux. Tout en tenant compte des débats actuels sur l’histoire globale, cette relation à la mer sera étudiée en la situant dans des temporalités et des environnements géographiques spécifiques, propres aux différentes aires culturelles de l’Asie maritime.

Des années 1980 jusqu’à nos jours, les études historiques sur l’Asie maritime ont connu un fort développement en Occident, tant pour l’Océan Indien que pour les Mers de Chine, et ont été traversé par des courants qui influencent encore aujourd’hui leur évolution. Bien que reprenant à leur compte des thématiques et des méthodologies désormais solidement implantées en Europe et aux Etats-Unis, ces travaux exploitent aussi souvent les résultats de recherches menées en Asie depuis les années 60, et qui peuvent être considérées à plus d’un titre comme des tentatives pionnières en histoire maritime ou histoire connectée. Toutefois, ils ont surtout été axés sur les échanges économiques, politiques ou diplomatiques, et des pans entiers de ce vaste domaine demeurent ainsi encore à explorer et à préciser : attitude des diverses autorités dans leur approche de la mer, l’ensemble des relations interétatiques, les transferts et emprunts techniques, les spécificités territoriales et sociales des espaces littoraux, etc. Pour ce faire, les participants porteront, en plus de leurs propres recherches, une attention particulière aux développements des historiographies locales, passées et présentes.

Ce projet sera accompagné d’un séminaire portant sur le même sujet et animé par Paola Calanca, Guillaume Carré et Pierre-Yves Manguin, et d’un séminaire de François Gipouloux d’histoire économique comparée. Des publications communes sont envisagées.